Charles Barthélemy

Jean Wallet

Une association n'est rien sans ses membres, ni sans ceux qui ont oeuvré, leur vie durant, à son service ...

Charles Barthélemy, organiste titulaire et fondateur du stage d'orgue s'en est allé rejoindre le Père Éternel le vendredi 14 octobre 2008 à l'âge de 76 ans, suivant de quelques semaines son ami le Père Jacques Court, (éternel diocésain de musique décédé à 89 ans des suites d'un accident de la route ) . Ensemble, au début des années 1980, ils fondent le stage d'orgue et initient toute l'activité musicale autour de l'instrument de la collégiale Notre-Dame de Montbrison.

          Sètois d'origine et de cœur, Charles Barthélemy arrive à la musique par un accident de la vie: après avoir perdu la vue dès la naissance, lui qui aurait dû suivre la voie familiale de la pêche, trouve son chemin dans la musique comme nombre d'aveugles de son temps.

          C'est à l'institut des jeunes aveugles de Paris qu'il suit une formation très complète auprès de grands maîtres tels André Marchal pour l'orgue ou Gaston Litaize pour l'harmonie. Les hasards de la vie font que, dans les années 1950, il pose ses valise à Montbrison pour y fonder une famille. Enseignant la musique dans un collège de la ville, il initie des générations d'adolescents à la musique qu'il aborde sous tous les aspects sans aucun ostracisme. Arrivant à la collégiale Notre Dame, il trouve l'orgue dans un état de vétusté avancé, et fait de son mieux pour tirer parti de ce joyau noyé dans la poussière.

A force de conviction et de travail, il parvient à en obtenir la restauration en gardant comme préoccupation première l'aspect de transmission patrimoniale de l'instrument  (en contradiction avec bon nombre de restaurations de l'époque ! ) .

Il va à l'encontre des expertises qui , par ignorance, prônent l’électrification de l'orgue, la néo-classicisation de la composition et qui veulent le priver de ses beaux jeux de gambes, au profit de mixtures suraiguës et égrillardes . C'est à sa ténacité et à celle des membres de l'association que nous devons la belle restauration qui nous permet d'entendre le bel instrument de Notre Dame dans ce qu'il a de plus authentique .

               Si Charles s'en est allé, l'empreinte de sa présence restera à jamais gravée dans les pierres de cette collégiale et dans l'histoire de cet orgue






















                    Né en 1930, Jean Wallet commence l’apprentissage du piano et du violon aux conservatoires de Nice et Cannes, puis entre en 1947 à l’Institution Nationale des Jeunes Aveugles de Paris, où il débute l’apprentissage de l’orgue sous la direction d’André Marchal, réputé pour ses talents de pédagogue, d’interprète et d’improvisateur.

            Jean sera très fortement marqué par la personnalité et le talent de son maître, dont il a toute sa vie, défendu l’enseignement et perpétué la mémoire. Après ses études à l’Institution Nationale des Jeunes Aveugles, Jean remplace Marchal au grand orgue de Saint-Eustache, joue le jeudi après-midi les concerts de Radio France, et fait travailler les élèves de Marchal sous la direction du maître jusqu’en 1964, année pendant laquelle il achève ses études musicales, obtenant le Premier Prix d’orgue et d’improvisation du conservatoire de Paris.

Toujours en 1964, Jean s’installe à Nice, où il est nommé titulaire du grand orgue, poste qu’il occupa pendant 40 ans. Recruté par Pierre Cochereau, (organiste titulaire de Notre-Dame de Paris et directeur du conservatoire de Nice), Jean enseigne tout d’abord la musique de chambre et l’initiation au piano pour les petits, la classe d’orgue étant assurée par René Saorgin. Quelques années plus tard, Pierre Cochereau crée une classe d’orgue pour adulte et une classe d’improvisation qu’il confie à Jean. Ce dernier partage ainsi son temps entre l’enseignement, ses responsabilités à la cathédrale, et la musique de chambre qu’il pratique régulièrement avec deux quatuors à cordes niçois. 

En 1964, il apprend par cœur l’intégralité des 16 quatuors à cordes de Beethoven. Comme il lui arrivait d’avoir des trous de mémoire dans sa partie d’alto, il apprend ainsi la totalité des quatre voix, afin de pouvoir se rattraper! Une fois à la retraite, Jean continue d’enseigner l’orgue à Nice et à Lyon, en cours particuliers, ainsi qu’au sein des stages d’orgue liturgiques d’Annecy et de Montbrison. Il enregistre une quinzaine de disques, au rythme d’un par an environ, consacrés au répertoire qu’il aimait et qui l’accompagnait dans sa perpétuelle quête musicale et spirituelle.

«Tous les hommes doivent mourir, ardemment j’aspire à une fin heureuse, en paix et avec joie je quitte ce monde, devant ton trône je vais comparaître, Seigneur Dieu ouvre- moi le ciel », tels étaient les titres des chorals de Bach que Jean a joués tous les jours pendant ses trois dernières années, se préparant ainsi au soir de sa vie à mourir sereinement. Jean avait une conception très sincère de la musique, cherchant à faire partager son idéal, avant toute démonstration technique ou musicologique. Nous gardons à l’esprit son humilité, sa gentillesse, sa générosité, sa philosophie, sa jeunesse d’esprit, sa gourmandise légendaire, son amour de la vie, du beau, du bon, du vrai, son souci constant de faire partager avec les plus modestes comme avec les plus aguerris son amour de la musique et ses connaissances infinies.