Les Orgues de la Collégiale
                                              Notre Dame d'espérance à Montbrison

 
                                                                                                  Au Xlllème siècle, le Comte Guy IV, comte de Forez, fit construire la
                                                                           Collégiale Notre Dame d'Espérance. Cette collégiale était administrée par 13 chanoines
                                                                          (puis 12), dont 7 étaient prêtres :  le doyen,  le chantre,  le sacristain  et  le maître de
                                                                          chœur, ainsi que 3 autres chanoines.
 

                                                                                                 De nos jours, sans grand effort d'imagination, sous les belles et pures ogives 
                                                                          de la Collégiale, il semble que l'on entende encore les chants des chanoines et des fidèles.
                                                                          Mais il a fallu attendre cependant de nombreuses années pour que leurs voix soient 
                                                                          soutenues par les sonorités d'un instrument liturgique.

                                                                          C'est au début du XVIIème siècle que résonne pour la première fois sous les voûtes de la
                                                                          Collégiale, un orgue construit sur le jubé séparant le chœur d'avec la grande nef.

                                                                          En 1794, l'instrument est détruit par un corps d'armée séjournant dans la ville.
                                                                          Les boiseries sont brûlées, l'étain et le plomb fondus servent à faire des balles. 
                                                                          A la place du jubé détruit, une estrade est élevée et l'on célèbre le culte de la déesse Raison.


                En 1839, Monsieur le curé Crozet qui a présidé à d'importants travaux dans la collégiale, s'engage, après un don généreux d'une famille montbrisonnaise, dans la construction d'un orgue digne de l'édifice.

                De décembre 1839 à novembre 1840 s'effectue l'édification de la tribune, sur les plans de Monsieur Pierre-Marie Bossan, architecte lyonnais réputé, qui introduit dans l'architecture du Xlllème siècle de l'église Notre Dame, le décor festonné de guirlandes et de colonnettes du XVIème  siècle
qu'on admire encore aujourd'hui.
 

                   C'est à Rouffach, en Alsace, que sera exécuté l'instrument d'après
les plans de Bossan et sous la direction des facteurs d'orgue Joseph et
Claude-Ignace Callinet . La fabrication du buffet, de même facture que les
stalles du choeur et l'abat-son de la chaire, sera confiée à l'atelier du menuisier et sculpteur lyonnais Claude Bernard. Le 6 janvier 1842, l'orgue de la collégiale dont le chroniqueur dit qu'il est "l'un des premiers confectionnés en grand
dans le diocèse de Lyon", est inauguré par Charles Widor, disciple de Reicha
et père du célèbre Charles Marie Widor.

    L'instrument possède des sonorités claires et puissantes, caractéristiques de l'orgue français et déjà une variété de registres propres à servir la musique romantique.


Il comprend 46 jeux ou registres. Les claviers sont au nombre de 4:  trois pour
le manuel de quatre octaves et demi, et un clavier de pédale de deux octaves.


Trois soufflets  alimentent les sommiers en air.


               En 1870, Merklin retouche l'instrument et le romantise en modifiant légèrement la composition. Une partie de la tuyauterie est pavillonnée conformément aux canons esthétiques de l'époque. La  console et ses claviers sont entièrement reconstruits au profit d'une mécanique à balancier et d'une console disposant de tous les accouplements usuels, mais Merklin conserve tout le reste de la mécanique qui nous est aujourd'hui parvenus intact : abrégés, balanciers, tirages de jeux, etc ...

             Merklin place également, à tous les plans sonores, des appels d'anches par un système de doubles registres ( toutes ces modernisations sont des plus courantes à cette époque ).

               Peu de temps avant son départ de la maison Michel Merklin, c'est Athanase Dunand qui effectue un dernier relevage en 1929. A cette occasion, on installe sur l'orgue son premier ventilateur électrique .


               L'orgue fonctionne ainsi sans intervention majeure pendant près de cinquante ans. Après tant d'années de bons et loyaux services, son état se dégrade peu à peu au point de devenir une "béquille liturgique" (dixit Ch. Barthélemy) dont on ose même plus faire usage pour un concert ... 



             C'est seulement en 1972, après l'expertise du maître Maurice Duruflé et de Monsieur Aubry que l'orgue est classé  "Orgue historique", ce qui permet d'espérer alors une restauration sérieuse.

            I1  faut  attendre  février  1981   pour  le début  des  travaux.  Ils sont confiés à  la Maison Dunand de Villeurbanne, qui réalise
avec son harmoniste Christian Marcel, un travail exemplaire. L'orgue retrouve ses sonorités originelles, ainsi que la composition
exacte de ses jeux dont on a retrouvé la nomenclature gravée derrière la console. La mécanique est également ramenée à son état d'origine, une console neuve dans le style Callinet est reconstituée et la mécanique suspendue rétablie.
Les seules ""entorses"" faites  à l'histoire seront l'installation d'un pédalier de 27 notes au lieu de 25, et le complément grave
d'une octave au récit qui est installé dans une boîte expressive séparée à l'arrière de l'instrument, sur une charpente posée à
même la charpente de la soufflerie.

               L'instrument est inauguré solennellement le 4 novembre 1983 par Louis Robilliard, organiste de Saint-François-de-Sales à
Lyon, et professeur au Conservatoire national de région de Lyon. Charles Barthélémy, ancien disciple d'André Marchal, alors
organiste titulaire, participe au concert selon la tradition.

 
               Avec 95 % de son matériel d'origine, l'orgue de Montbrison est un patrimoine exceptionnel car il est aujourd'hui en France
le plus intact de tous les grands instruments produits par les ateliers des frères Callinet. Son état de conservation, ainsi que la
magnifique restauration des ateliers Dunand en font l'un des plus beaux instrument de notre pays.